Multi Level Marketing au Congo : quand le rêve vire à la désillusion
Le marketing multi-niveaux, ou MLM, séduit par ses promesses de richesse rapide. Mais derrière ce modèle commercial se cachent souvent des dérives aux conséquences dramatiques, notamment en République du Congo où plusieurs systèmes pyramidaux ont fini par s’effondrer, laissant des milliers de victimes sur le carreau.
Le marketing multi-niveaux (MLM) est une méthode de vente directe où les distributeurs gagnent des commissions non seulement sur leurs propres ventes, mais aussi sur celles des personnes qu’ils recrutent. Ce système, popularisé dès les années 1950 avec des marques comme Tupperware, repose sur un double levier : la vente de produits ou services et le recrutement d’un réseau de vendeurs. En théorie, il s’agit d’un modèle légal et viable, à condition que la rémunération soit principalement liée à la vente réelle et non au simple recrutement.
Cependant, en République du Congo, comme dans plusieurs pays africains, le MLM a souvent été détourné en système pyramidal déguisé. Des entreprises telles que QNet, Forever Living, Herbalife, Tiens et bien d’autres ont prospéré en promettant des gains mirobolants. Ces structures ont fonctionné sur un principe simple mais dangereux : l’argent des nouveaux adhérents servait à rémunérer les anciens. Tant que le recrutement était exponentiel, les commissions coulaient à flots. Mais à un certain moment, la base de nouveaux entrants s’est tarie, rendant le système ingérable et provoquant son effondrement.
Cette mécanique n’est pas nouvelle au Congo. Au début des années 2000, la microfinance Umberto Brada a connu un sort similaire, avec des pertes colossales pour ses clients. Plus récemment, en 2021, B-Free, un autre système financier parallèle, a également fait faillite, laissant de nombreux épargnants démunis. Ces exemples illustrent la fragilité des modèles reposant sur des promesses de rendements rapides sans fondement économique solide.
Un autre trait commun à ces systèmes est leur mode de recrutement. Les distributeurs sont encouragés à solliciter leur cercle proche : amis, famille, collègues. Cette stratégie, qui semble naturelle, engendre souvent des tensions et des ruptures relationnelles. La pression sociale devient un levier pour attirer toujours plus de membres, au détriment du discernement et de la prudence.
Les avantages promis dans ces réseaux sont alléchants : voyages de luxe, cadeaux somptueux, voitures haut de gamme. Ces récompenses servent d’appât pour attirer et motiver les recrues. Pourtant, la réalité est cruelle : seulement environ 1 % des participants atteignent ces niveaux de réussite. La grande majorité dépense plus qu’elle ne gagne, souvent en achetant des stocks de produits invendus pour rester active dans le système.
Aujourd’hui, malgré ces échecs retentissants, de nombreuses autres enseignes MLM continuent de proliférer au Congo. Elles multiplient les campagnes de recrutement, souvent discrètes, sans publicité massive, s’appuyant sur le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. Les promesses restent les mêmes, les méthodes inchangées, et les dérives toujours à l’horizon.
Comme le rappelait Albert Einstein, « la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Ce qui a tué Pierre tuera très clairement Patrice. Que celui qui a de l’intelligence comprenne.
Le MLM, dans son essence, peut être un modèle commercial légitime. Mais en République du Congo, il est trop souvent synonyme de mirage financier, d’illusions brisées et de relations détruites. La vigilance, l’information et la régulation sont indispensables pour protéger les populations de ces dérives qui continuent de faire des victimes. Le défi est de taille : apprendre des erreurs du passé pour ne pas les répéter, et construire un avenir économique plus transparent et équitable.







