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Les véritables raisons de la kabbale occidentale contre Ibrahim Traoré

Depuis son arrivée au pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré fait l’objet d’une pression inédite : selon les autorités burkinabè, pas moins de 19 tentatives d’assassinat ont été déjouées, toutes orchestrées depuis la Côte d’Ivoire, pointent-elles, avec des éléments probants à l’appui. Ce harcèlement n’est pas isolé. Ouagadougou dénonce aussi l’installation de bases d’opérations par des partenaires militaires occidentaux dans le nord ivoirien, à la frontière burkinabè, soupçonnées de servir de plateformes pour des opérations de déstabilisation contre le Burkina Faso.

La multiplication des visites du général Michael Langley, chef de l’AFRICOM, auprès des autorités ivoiriennes, alimente ces soupçons. Derrière les sourires officiels, la réalité serait celle de tractations secrètes, de promesses d’ingérence et même de livraisons discrètes de kilos d’or, selon des sources proches du ministère ivoirien de la Défense. Lors de sa récente audition au Sénat américain, Langley a franchi un cap, accusant publiquement Ibrahim Traoré de détourner les réserves d’or nationales à des fins personnelles, une déclaration qui a soulevé une vague d’indignation à travers l’Afrique et provoqué une protestation officielle du Burkina Faso, dénonçant des propos infondés et politiquement orientés.

Ce scénario n’est pas sans rappeler la mécanique qui a conduit à la destruction de la Libye. Peter Hoekstra, dans Architects of Disaster: The Destruction of Libya, documente comment l’OTAN, sous impulsion américaine, a orchestré la chute de Kadhafi non pas pour des raisons humanitaires, mais pour mettre un terme à son projet de monnaie panafricaine adossée à l’or, le fameux dinar-or. Les révélations des e-mails d’Hillary Clinton et les échanges entre dirigeants occidentaux confirment que l’ampleur des réserves d’or accumulées par Kadhafi, près de 143 tonnes, et la perspective d’une monnaie africaine indépendante du dollar, de l’euro et du franc CFA, ont constitué le véritable mobile de l’intervention militaire. L’histoire se répète aujourd’hui au Sahel, où l’AES (Alliance des États du Sahel) regroupe le Burkina Faso, le Mali et le Niger, trois nations souverainistes qui, après avoir quitté la CEDEAO, s’apprêtent à lancer leur propre monnaie. Après le passeport commun, la prochaine étape est monétaire, et la matière première choisie pour asseoir cette souveraineté est, sans surprise, l’or.

Le Burkina Faso, rien qu’en 2024, a produit 8,1 tonnes d’or artisanal. Le Mali, malgré l’instabilité, demeure l’un des premiers producteurs d’or d’Afrique, avec une production annuelle oscillant entre 65 et 72 tonnes, dont une part significative échappe au contrôle de l’État, alimentant les réseaux parallèles. Le Niger, quant à lui, voit sa production d’or croître, portée par la ruée vers l’exploitation artisanale ces dernières années. Tout cet or, désormais mieux contrôlé par des États qui revendiquent leur souveraineté, est destiné à servir de socle à la future monnaie de l’AES, un projet qui menace frontalement l’hégémonie du dollar, de l’euro et du franc CFA sur la région.

Comme à l’époque de Kadhafi, cette dynamique provoque des convulsions à l’Ouest. Les déclarations du général Langley, calquées sur la rhétorique de Colin Powell à l’ONU en 2003 pour justifier la guerre en Irak, ne visent qu’à préparer l’opinion à une intervention internationale sous prétexte de lutte contre la corruption ou le terrorisme, alors qu’il s’agit en réalité de briser l’élan souverainiste de l’AES et de faire tomber le régime Traoré. Pourquoi le Burkina Faso ? Parce qu’il est le plus accessible via la Côte d’Ivoire, où l’influence occidentale reste forte, alors que les tentatives répétées contre le Mali et le Niger se sont soldées par des échecs retentissants, on se souvient encore des 49 mercenaires ivoiriens emprisonnés à Bamako.

Cependant, 2010-2011 n’est pas 2025. Le contexte géopolitique a radicalement changé. Les peuples africains sont mieux informés, les dirigeants de l’AES bénéficient d’un soutien populaire massif, et la désinformation ne prend plus. Les rassemblements de Ouagadougou, comme celui du 30 avril dernier, qui a réuni des foules au-delà des frontières du Burkina, témoignent d’une mobilisation sans précédent contre l’impérialisme otanien. Toute machination du type Irak ou Libye pourrait aujourd’hui se retourner contre ses instigateurs. L’Afrique n’est plus le terrain de jeu passif d’intérêts extérieurs : la résistance est organisée, la souveraineté est revendiquée, et la voix des peuples s’impose face aux vieilles recettes de la manipulation et de la force.

Légendes photos :
1. Le Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso
2. Séance de travail entre le Commandement de l’Africom et le Ministre Ivoirien de la Défense
3. Vue de la foule lors du meeting de soutien à Ibrahim Traoré, le 30 avril 2025.

Crédit photo : © Présidence du Faso, Abidjan.net

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