Kokutan’Art 2025 : rituels spirituels et traditions ancestrales illuminent Brazzaville
À Brazzaville, la deuxième journée du Festival Kokutan’Art 2025 a captivé les spectateurs avec une immersion saisissante dans les pratiques spirituelles africaines, révélant une « Afrotopique » où traditions ancestrales et modernité s’entrelacent pour réimaginer notre rapport au monde.
Sous les lumières tamisées des Ateliers Sahm à Bacongo, les visiteurs du Festival Kokutan’Art se sont retrouvés le 7 mai transportés aux frontières du visible et de l’invisible. Les clichés exposés ont ouvert une fenêtre sur des mondes habituellement inaccessibles, ceux où la guérison spirituelle et la connexion ancestrale constituent encore des piliers fondamentaux de sociétés africaines en perpétuelle réinvention.
La cinquième édition de ce rendez-vous incontournable de la photographie africaine, qui a ouvert ses portes le 6 mai à l’Institut Français du Congo, tient toutes ses promesses en offrant un regard puissant sur la thématique « Afrotopique – Ré-imaginer les possibles ». Les œuvres présentées incarnent cette vision, révélant comment les sociétés africaines transcendent la dichotomie entre tradition et modernité.
Parmi les nombreux artistes exposés, deux photographes ont particulièrement retenu l’attention : André Désiré Loutsono dit Kinzenguélé (Congo) et Huguette Doris Kenfack (Cameroun). Kinzenguélé nous plonge dans l’univers d’un « hôpital spirituel » à Madibou avec sa série « Délivrance et guérison spirituelles ». Ses photomontages numériques capturent les rituels de délivrance pratiqués par Papa Nicaise Nkouikani et Maman Flore Kinkonda. « J’ai travaillé avec Photoshop pour représenter parfaitement le processus de délivrance spirituelle auquel j’ai assisté », confie l’artiste.
En parallèle, la série « Tengwe Sinkò » d’Huguette Doris Kenfack explore les traditions liées aux crânes dans l’Ouest du Cameroun. « Je suis la gardienne de la maison des dieux de la concession familiale », explique la photographe, dont les images montrent comment ces pratiques ancestrales s’adaptent au monde contemporain, notamment à travers des talismans urbains que les citadins transportent comme protection.
Point d’orgue de cette journée riche en émotions, une performance d’un ballet traditionnel local a électrisé l’assistance pendant plus de trente minutes, créant un dialogue saisissant entre les images fixes et les corps en mouvement.
Depuis sa création, le Festival Kokutan’Art, dont le nom signifie « Rencontres » en lingala, s’est imposé comme une plateforme incontournable pour les photographes d’Afrique centrale et d’ailleurs. Cette année, dix pays sont représentés : Afrique du Sud, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, RDC, Congo, Belgique, France et Canada. Les activités officielles se poursuivront jusqu’au 10 mai, tandis que les expositions resteront accessibles jusqu’au 6 juin 2025.
Porté par Lebon Chansard Ziavoula et l’association Mbongui Art Photo, le festival bénéficie du soutien de partenaires de poids : l’Institut Français du Congo à Brazzaville, la Délégation de l’Union européenne en République du Congo, Les Ateliers Sahm, avec l’appui de l’Institut français de Paris.
À l’heure où de nombreuses sociétés cherchent désespérément de nouveaux modèles pour faire face aux défis contemporains, Kokutan’Art 2025 affirme avec force que l’Afrique, loin d’être à la périphérie du monde, pourrait bien détenir certaines clés essentielles pour notre avenir commun. Et la photographie, dans sa capacité à révéler l’invisible, s’avère l’outil idéal pour transmettre ce message d’espoir.





