L’écriture illisible des médecins : un fléau silencieux qui tue
Chaque année, plus de 7 000 vies sont fauchées à cause d’une simple plume trop pressée, d’un geste maladroit ou d’une habitude devenue tradition : l’écriture illisible des médecins. Ce chiffre, révélé par un rapport du Medical Institute de Washington, n’est pas une exagération sensationnaliste, mais la froide réalité d’un système où la santé se joue parfois à la lisibilité d’un mot griffonné à la hâte. Loin d’être un problème réservé aux hôpitaux américains, ce phénomène traverse les frontières et s’invite jusque dans les officines du Congo, comme en témoigne Nick Emmanuel NGAKOSSO D’OSSERÉ.
Nick, jeune père congolais, se souvient de son parcours du combattant : cinq pharmacies sillonnées, une ordonnance pour son nourrisson à la main, et partout la même réponse, une incompréhension totale face à l’écriture du médecin. « Souvent, j’ai même l’impression que certains agents de santé pensent que c’est lorsque leur écriture est illisible qu’on dit qu’ils sont plus gradés », confie-t-il, désemparé. Son témoignage, loin d’être isolé, met en lumière une réalité partagée par des millions de patients à travers le monde.
Les conséquences de cette illisibilité ne se limitent pas à l’agacement ou à la perte de temps. Elles se traduisent par des erreurs de médication, des confusions entre médicaments aux noms proches, des dosages mal interprétés, autant de risques qui, chaque année, blessent plus de 1,5 million d’Américains et coûtent des milliards au système de santé. Les ordonnances manuscrites, véritables messages codés, deviennent parfois des sentences fatales lorsqu’elles tombent entre des mains incapables de les déchiffrer.
Pourquoi cette écriture est-elle si souvent indéchiffrable ? La pression du temps, le nombre élevé de patients, la taille réduite du papier, et même une certaine culture professionnelle expliquent en partie ce phénomène. Certains médecins, pris dans un rythme effréné, privilégient la rapidité à la clarté, pensant que leur écriture n’a d’importance que pour leurs pairs ou les pharmaciens aguerris. Mais cette habitude, presque identitaire, expose les patients à des dangers évitables.
Face à ce constat alarmant, de nombreux pays accélèrent la transition vers la prescription électronique, plus sûre et plus lisible. Les systèmes informatisés, en plus de faciliter la lecture, alertent sur les interactions médicamenteuses et réduisent la marge d’erreur humaine. Mais dans de nombreux endroits, comme au Congo, la prescription manuscrite reste la norme, laissant les patients à la merci d’un coup de stylo malheureux.
Le témoignage de Nick Emmanuel NGAKOSSO D’OSSERÉ résonne comme un appel à la vigilance et au changement. Il rappelle que derrière chaque ordonnance, il y a une vie, une famille, un espoir. L’écriture du médecin ne devrait jamais être un obstacle à la guérison, mais le premier pas vers la santé retrouvée.
Illustration : Redouane El Baz







